Championnes Digitales

Championnes Digitales

Dans le cadre du cycle de conférences Homo Numericus, Interface3.Namur est allé suivre la conférence « Championnes Digitales » à BeCentral.

Cette conférence a débuté avec Laurent Hublet, entrepreneur et philosophe, créateur de BeCentral, campus numérique en plein cœur de Bruxelles. Ce dernier a introduit en expliquant que nous sommes égaux dans l’utilisation des outils mais inégaux au niveau de la production des technologies. Il conclut en disant qu’il faut construire un monde numérique pas d’une élite mais de celui de l’ensemble de la société.

Ensuite, la ministre de la Fonction publique, Petra de Sutter, est revenue sur certains chiffres. Elle débute en précisant que les profils les plus recherchés depuis novembre 2020 sont les profils IT et médicaux. L’enjeu est donc d’augmenter le nombre de personnes, tant des hommes que des femmes, qui veulent étudier l’informatique et les technologies. En 2020, 7 femmes sur 1000 ont fait une formation technologique contre 21 hommes sur 1000. La belgique est quasi dernière dans le nombre d’étudiantes suivant une formation technologique, pour Agoria, si rien ne change, en 2030 la moitié des postes ne seront pas pourvus.
Pourtant, plusieurs études prouvent l’influence positive d’engager plus de femmes à tous niveaux dans les entreprises : celles-ci sont généralement plus innovantes et plus performantes.

Elle a ensuite présenté le plan intersectoriel :  « Woman in Digital ». Le but de ce plan est de lutter contre les biais et les autres obstacles pour les femmes dans le digital. Les objectifs sont :

  • Augmenter le nombre de femmes qui obtiennent leur diplôme dans le secteur du numérique (ICT/STEM) en commençant à susciter l’envie dès la primaire et construire des compétences en secondaire,
  • Favoriser l’intégration des femmes dans le monde du travail numérique et/ou dans le secteur du numérique,
  • Favoriser le maintien des femmes dans le secteur du numérique,
  • Construire de nouvelles images,
  • Éliminer l’écart de genre dans les groupes cibles spécifiques.

Ensuite, Axelle Lemaire (Ex-Secrétaire d’Etat en charge du Numérique et de l’Innovation, ancienne Députée à l’Assemblée nationale – France) a affirmé qu’elle en avait marre de parler de cette problématique sans que rien ne bouge. Elle a tout de même précisé qu’il y a 5 ans, la présence des femmes dans le numérique était un sujet de niche mais que maintenant c’est enfin devenu un débat public. Il y a une prise de conscience des enjeux et on ne pourra plus revenir en arrière. Pour elle, il est temps de passer à la vitesse supérieure : sortir des mots et passer à l’action. Elle a ensuite énoncé la liste des actions à mettre en place, selon elle :

  • Mettre des quotas dans l’éducation pour obliger les directeurs d’école à respecter une parité dans les options,
  • Former les enseignants sur les stéréotypes qu’ils véhiculent,
  • Mettre en avant des rôles modèles,
  • Encourager (voir obliger) les employeurs à faire des actions de discriminations positives. Il faut aussi imposer des quotas. Il faut les obliger à n’avoir aucune tolérance sur le harcèlement,
  • Obliger la transparence sur les salaires pour empêcher l’écart de salaire entre hommes et femmes.
  • Obliger la parité dans les conseils de direction

Ensuite, Jeanne Bretecher, Laurent Hublet, Axelle Lemaire et Carlo Purassanta nous ont présenté des projets qui ont fonctionné. Tout d’abord, il y a eu une intervention de Carlo Purassanta qui a longtemps travaillé chez IBM. Cette société était signataire de la chartre « jamais sans elles ». Cette chartre imposait, entre autres, qu’à chaque réunion regroupant plus de 3 personnes, une femme devait être présente. Cela a permis d’augmenter considérablement la mixité chez IBM.  Ensuite, Jeanne Brétécher qui travaille pour Social Good Accelerator, nous a dit qu’il fallait agir à 4 niveaux : l’éducation, les compétences numériques de base, l’accès à des formations et à des réorientations et enfin, sur la rétention des talents. Laurent Hublet a partagé la création d’un stage gratuit pour adolescent.e.s où il y avait 47% de filles.

Karent Boers, la créatrice de BeCode, est venue nous partager l’histoire de la création de cette entreprise. Zoé Broisson, jeune entrepreneure, a enchainé en nous racontant la création de sa spin-off (série dérivée).

L’après-midi a continué avec les intervenants suivants : Bernard Clerfayt, Juliette Delas, Véronique Halloin et Axelle Lemaire, avec un échange autour de ce qu’il reste à faire. Lors de cet échange, le point a été attiré par les intervenant.e.s sur la mesure des déséquilibres pour identifier clairement les problèmes et mettre en place des actions ciblées. L’importance de l’accompagnement des entreprises, des enseignant.es à tous les niveaux éducatifs et dans la recherche a également été précisé.

Cette après-midi remplie de témoignages et d’idées pour changer les choses nous a motivé à continuer notre travail de formation et de sensibilisation chez interface3.Namur. Notre ASBL a signé le « call for action ».

X