Où sont les informaticiennes ?

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Où sont les informaticiennes ?

La sociologue Hélène Stevent analyse les processus d’individualisation et de psychologisation des rapports sociaux de travail, notamment dans l’ingénierie informatique. Elle est (entre autres) l’auteure de l’article scientifique « Où sont les informaticiennes ? » publié dans la revue Travail, genre et société en 2016 et disponible sur le site Cairn.info.

Dans cet article, Hélène Stevent nous parle de la place des femmes dans les métiers et études liés à l’informatique de 1970 à aujourd’hui. Ce dernier a retenu toute notre attention, nous avons donc eu envie de vous en parler…

Comme le savent ceux et celles qui nous suivent, les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à l’informatique. Les femmes subissent une fracture numérique importante (qui, nous vous le rappelons, s’est amplifiée suite au confinement), ce qui les met en péril dans un passage vers un « tout au numérique ». Mais pourquoi sont-elles tant éloignées de l’informatique ? Est-ce que ça a toujours été le cas ? Hé bien non !

Dans les années 70/80, les femmes se sont trouvées dans un contexte où elles ont affirmé leur place tant au niveau scolaire, professionnel et politique. Elles ont pu profiter d’une restructuration des emplois dans le secteur informatique pour s’y insérer et ainsi accéder au métier d’ingénieur. C’est de cette manière qu’en 1982 un tiers des femmes « ingénieurs et cadres techniques d’entreprise » étaient spécialisées en informatique, ce qui a engendré une féminisation des emplois d’ingénieurs informatiques (14% entre 1982 et 1984, 20% en 2002).

Cependant, depuis le milieu des années 1990, les hommes ont d’avantage profité du développement du nombre d’emplois dans ce secteur, au détriment des femmes qui n’ont pas pu renforcer leur présence. C’est ainsi qu’en 2011, elles représentent toujours 20% des ingénieures en informatique, comme en 2002.

Si ces chiffres ont tendance à stagner dans les fonctions de cadre supérieur, on constate que dans les qualifications moins élevées (employés ou opérateurs), qui étaient des secteurs majoritairement féminins, il y a une très nette diminution : 55 % en 2009-2011 contre 85 % en 1982-1984.

Cette diminution n’est malheureusement pas prête à s’inverser, en effet, le sexisme présent dans les formations tech et numériques mènent davantage à la désertion des femmes qu’à leur inclusion dans ces secteurs.

Hélène Stevent nous parle aussi des opportunités que les femmes peuvent décrocher dans ces métiers du numérique : nombreux emplois, secteur en forte croissance, statuts plus stables, carrière prestigieuse, rémunération attractive…

Malheureusement, bien que les opportunités soient nombreuses, les inégalités liées au genre peinent à disparaître. Ce sexisme (notamment dans L’industrie du jeu vidéo) amènent le peu de femmes du secteur à se réorienter après quelques années seulement dans l’informatique (phénomène du tuyau percé)…

Nous comptons sur les nombreuses démarches politiques, économiques et associatives pour pallier ce déséquilibre. En tant qu’ASBL, Interface3.Namur met tout en œuvre pour amener d’avantage de femmes dans ces métiers, en les intégrant de manière inclusive et bienveillante dans ses formations. Il y a peut-être aussi un autre discours à tenir aux femmes pour leurs proposer ces fonctions il faut effectivement parler des possibilités de ces métiers mais aussi leurs faire prendre conscience du changement qu’elles peuvent apporter au secteur et à la société.

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